Jaber
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Exposition organisée par l'association Recherches, mécénat & arts plastiques,
avec la participation de Rhizome / Ferme du Couvent,
et le soutien de la Municipalité de Torcy et du Conseil Général de Seine et Marne.
 

"Carte Blanche à Jaber"

exposition du 7 mai > 4 juin 2004

Rhizome / Ferme du Couvent
22, rue du Couvent 77200 Torcy
 

 

Bonheur 2004 acrylique sur papier Canson 65 x 50 cm

Jaber EL MAJOUB est né en 1938 dans une famille de bergers de M'Saken (banlieue de Sousse) en Tunisie. A l'âge de 6 ans il a perdu sa mère et a été pratiquement élevé par sa soeur. Il n'a pas pu fréquenter l'école car il devait garder les animaux pour nourrir sa famille. Il n'a donc jamais pu apprendre à lire et écrire.

En 1958 il prend la direction de Marseille et y travaille comme boulanger avant de monter à Paris deux ans plus tard. Les petits enfants du boulanger de la rue des Blanc-Manteaux se souviennent encore de lui, car le grand-père a soigneusement conservé quelques pièces de Jaber. En effet dès qu'il avait une pause, il dessinait par terre au charbon de bois et faisait cuire la pâte à pain en forme d'oiseau, de poisson ou de fleur.

L'après-midi, il vendait ses gouaches et amusait le public place St Michel. Il s'intéressait aussi à la boxe et a effectué 17 combats. Ses talents de chanteur-auteur-compositeur lui ont ouvert les portes du Petit Conservatoire de Mireille. Il enregistra deux 45 tours chez Pathé-Marconi.

Quelques années plus tard, il fut découvert par une riche américaine qui l'emmena en Amérique.
Elle avait découvert à juste titre qu'il avait la carrure pour devenir un artiste de dimension internationale. Ils se sont mariés rapidement et Jaber reçut une galerie des mieux placés à San Francisco. Au bout de quelques mois, la galerie était devenue le lieu de rendez-vous de tous les adeptes de la scène flower-power et le commerce ne le souciait guère. Il préférait offrir ses travaux. En 1971, il obtenait le premier prix de peinture parmi 800 candidats au Plainfield Art Festival.
Il devint célèbre, mais son mariage fut un échec.

Retour à Paris il exposa en 1977 au American Center of Artists qui relançait sa carrière à Paris. Ses amis et collectionneurs le firent participer ou organisèrent pour lui de nombreuses expositions prestigieuses. Il entra dans bon nombre de collections privées et publiques de par le monde et figure dans tous les Musées consacrés à l'Art Brut ou Outsider. Comme pour de nombreux artistes, sa période de gloire connut son déclin avec la crise de fin des années 1990. Les galeries qui le défendaient disparurent.

Au lieu de se lamenter, il prenait son sort en main en vendant à nouveau ses gouaches cette fois dans le quartier Beaubourg, nouveau haut lieu de l'art contemporain. Malheureusement les temps avaient changé et il fut arrêté de nombreuses fois. Il trouva la parade en poussant simplement la porte des galeries, librairies, cafés ou restaurants. Une trentaine de lieux parisiens proposent en permanence ses oeuvres, sans toutefois lui consacrer une exposition. Il les fait systématiquement échouer.

Jaber est l'exemple frappant de l'intégration. Immigré tunisien, sans savoir ni lire ni écrire, sans avoir jamais touché aucune aide sociale ni chômage, ni RMI, il s'en sort plus que honnêtement. Il souhaite cependant vivre très modestement, dans l'anonymat et la quiétude. Il n'invite que de très rares personnes à son atelier.

Il a développé une méthode de travail très personnelle : Peignant la nuit, il se met en route dès midi pour vendre en direct ses travaux aux galeries, collectionneurs, connaisseurs ou passants. Comme pour les maraîchers, ce qui n'est pas vendu en fin de journée est donné ou offert.

 Michel Ray 
 
Martine 1997 acrylique sur papier Canson 65 x 50 cm
 
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